Salut la compagnie,


Ce jeudi matin, le réveil a sonné à 4h30. Lucas et moi n’avons pas énormément dormi cette nuit… On était sans doute trop impatients de se lever, excités à l’idée du programme de la matinée, un peu anxieux (moi, en tout cas).


Mais pourquoi se réveiller si tôt ? Non, ce n’est pas parce qu’on a décidé d’appliquer le Miracle Morning à l’excès (bien qu’on ait déniché plein de bons conseils dans ce bouquin et qu’on vous recommande de le lire 😊) mais parce que, depuis 2 mois qu’on est à Sainte-Brigitte-de-Laval et qu’on aperçoit le sommet de la « Montagne à Tremblay » tous les matins, on a envie de s’y rendre. Lucas et moi, on avait envie d’une randonnée de nuit, un soir par exemple, histoire d’observer les étoiles et de profiter du calme parfait des alentours de notre lieu de vie actuel. On s’est dit qu’on allait concilier les 2 : une randonnée de nuit, jusqu’au sommet de la montagne, mais aussi, histoire d’ajouter un défi supplémentaire à ce beau projet, on a eu envie d’arriver au sommet au bon moment afin d’observer le lever du soleil (prévu à 7h24 ce matin).


On s’est un peu « laissés vivre » au réveil et on s’est mis en retard sur le programme. Au lieu de partir à 5h, on a quitté le Centre de l’Hêtre à 5h30. Je pense que la température affichée au thermomètre extérieur n’a pas aidé à nous motiver pleinement à nous grouiller les puces… -31°C !! On n’a jamais eu de température si basse depuis qu’on est là. Et ça n’est qu’un aperçu de ce qu’on va vivre par moments dans les semaines à venir.


On enfile nos couches (4 + manteau pour Lucas, 5 + manteau pour la frileuse que je suis ^^), on s’enfile des toasts avec œufs brouillés histoire de faire le plein de forces, on remplit nos sacs à dos de provisions, on file se brosser les dents et on se glisse dans les raquettes que les propriétaires des lieux nous prêtent gentiment. Cagoule, bonnet, masque de ski, cache-cou, gants/moufles (on recommande les moufles, biiiennn plus efficaces contre le froid !), lampe frontale pour moi, bâtons de ski… On est parés !


Nos premiers pas faisaient office de test. Si on supportait la première demie heure, on continuait. Si c’était trop pénible à cette température, on rebroussait chemin. Nos pieds et nos mains se sont réchauffés après environs 20 minutes, on n’avait pas froid au corps, on a donc décidé de poursuivre. Ce qui nous a embêté, c’est la condensation qui s’est accumulée dans le masque à cause de notre respiration. Elle a gelé et on a donc dû les enlever car on n’y voyait plus rien. Le nez et les joues sont les extrémités qui ont été en contact avec le froid directement et durant toute la durée de la randonnée. Parfois douloureux mais plutôt supportable quand même contrairement aux mains qui, une fois gelées, font vraiment très mal ! Une des photos dans l’album de l’escale 3 vous permettra de voir qu’on s’est rapidement transformés en Olaf et Elsa (la Reine des Neiges, vous connaissez ?) : moustache, cils, cheveux de glace.


Bon, là, j’ai beaucoup parlé de nous, de ce à quoi on ressemblait, et des conditions météorologiques… Ah oui, j’ai oublié de préciser qu’il n’y avait pas un pet de vent ni de neige, le pied pour une bonne marche dans le froid 😊 Maintenant, j’aimerais vous parler des lieux… On a parcouru environs 4,5 km dont une bonne moitié dans le noir. Nous étions seuls au monde, au milieu des bois, à parcourir un chemin balisé appelé « Sentier le Montagnard » mais pas tassé au vu des chutes de neige importantes de la veille. On alternait les rôles : tantôt c’était moi devant pour tasser la poudreuse (et histoire que Lucas suive mon rythme puisque je vais plus lentement), tantôt c’était lui qui ouvrait le chemin mais il devait s’arrêter de temps en temps afin de m’attendre. Pour ce qui est du ciel, on a super bien choisi notre jour (moins pour les températures, on s’entend).


Quel bonheur ce ciel parfaitement dégagé afin d’observer les étoiles à loisir… Ce silence parfait… Juste quelques craquements de branches au loin nous signifiant qu’on n’était pas aussi seuls qu’on le pensait. En effet, même si on n’a pas encore eu la chance d’en croiser depuis qu’on est au Canada, on a vu de nombreuses traces d’orignaux dans la neige immaculée ce matin-là. Petit à petit, nous avions de plus en plus de facilités à distinguer les alentours, le jour se levait lentement. Quel pied ! On en a pris plein les yeux, la nature est tellement belle 😊 Notre objectif d’arriver au sommet (où se trouvent deux points de vue) avant le lever du soleil n’a pas été atteint, malheureusement. Mais, on en a quand même pris plein les yeux en chemin, lorsqu’on levait la tête et apercevait les sommets boisés au loin passer du gris au rose et du rose à l’orange, au fur et à mesure de notre marche.


La dernière demie heure, avant l’arrivée au point de vue, a été rude, surtout pour moi qui ai une moins bonne condition physique que notre Dingo Tout Terrain. Ça montait « ben raide » comme on dit icitte. Je n’avais plus beaucoup de force et j’avais déjà usé une grande partie de ma bonne volonté. Lucas m’a motivé comme il pouvait en m’encourageant, ce qui a sans doute aidé même si parfois j’avais de légères envies de meurtre tant j’avais mal aux jambes et du mal à avoir un souffle correct, tant j’étais contrariée de ne pas en voir le bout… Ce qui m’a aidé, sur la fin, c’est d’apercevoir les rayons de lumières percer au travers des branches, se faufiler entre les nombreux troncs. Je voyais qu’on s’approchait du but et ça m’a donné un regain d’énergie ! Et puis, Lucas est arrivé avant moi et au vu de ses commentaires et de sa joie, j’ai compris qu’il était temps que je me magne les fesses parce que j’allais en prendre plein la vue très bientôt 😊


Arrivée au point de vue, j’ai jeté un bref coup d’œil aux alentours, me disant que bordel, c’était beau ! Mais j’ai d’abord surtout tenté de reprendre mon souffle et me suis appuyée à la croix car mes jambes étaient plutôt flageolantes. Je n’en menais pas large, vous pouvez le constater sur une des photos que Lucas a prise de moi là-haut, je subis littéralement et n’avais même pas la force pour un petit sourire ! Lucas m’a passé le thé (encore chaud, un vrai bonheur après cet effort) et le repas à base d’avoine qu’on s’était préparé la veille afin de se faire un 2e petit déjeuner une fois au sommet. Lorsque j’ai eu repris des forces, j’ai pris le temps de contempler la vue qui s’offrait à nous. Deuxième « bordel, c’est beau ! », satisfaction d’être arrivés jusque-là, de ne pas avoir renoncé malgré le froid, on l’avait mérité ce paysage. Des collines et montagnes à perte de vue, le Saint-Laurent au loin, un lac entièrement gelé, de la nature en veux-tu en voilà… Seul un village couvert de neige, au fond de la vallée montrait qu’il y avait de la vie aux alentours.


Après une petite vingtaine de minutes, nous avons commencé à avoir froid et avons donc vite remballé nos affaires pour nous remettre en route afin de ne pas finir congelés sur place. La descente a été moins rude, évidement. Nous avions quand même fort mal aux mains qui avaient un mal fou à se réchauffer. J’ai même avoué à Lucas, un moment donné, que j’étais en train de paniquer parce que j’avais terriblement mal et que je ne savais plus quoi faire pour essayer de récupérer toutes les capacités motrices de mes doigts et plus de sensibilité. Ils étaient d’une couleur peut rassurante. Heureusement, nous n’étions pas loin d’une petite cabane servant de refuge (aux environs du kilomètre 7 --> voir sur la carte dont le lien est en bas de l’article 😊), heureusement ouverte. Nous avons pu nous y abriter quelques minutes, le temps de se réchauffer les mains et (un peu) les pieds.


Au total, nous avons marché 5h. Le retour a duré un peu moins longtemps que l’allé (2h15 contre 2h45). Le dénivelé était de 250 mètres. Je ne sais pas pour vous mais, honnêtement, pour moi, c’est vraiment un exploit, surtout dans ces conditions ! Tout au long du trajet, je me suis appliquée à avoir un moral des plus positifs, à me distraire, je me motivais avec des affirmations (merci Miracle Morning pour cette astuce ^^), des chansons, je me racontais des histoires d’explorateurs en train d’accomplir une mission de découverte, je me disais que j’avais une chance folle de pouvoir me servir de mes deux jambes pour parcourir ce trajet, de mes deux yeux pour voir la beauté du monde qui nous entoure… Par moment, je baissais les bras quelques secondes. J’ai crié fort, pleuré un peu… Puis, de vider mon sac ainsi, ça semblait me donner du courage pour continuer. Alors je repartais de plus belle et tentais d’oublier la douleur. J’ai beaucoup pensé au film regardé justement la veille avec Lucas : « Les chemins de la Liberté ». Des hommes, des femmes, des enfants, parcourent parfois des kilomètres dans des conditions extrêmes, bien pire que celles que nous avons vécues ce matin, pour avoir droit à leur liberté, pour échapper à l’emprise d’autrui, pour vivre la vie à laquelle ils ont droit… C’est plutôt bénéfique de s’imaginer un peu dans leur situation et de réaliser la chance qu’on a d’être libres.


Une fois de retour à la maison, j’étais « Libéréééee, délivréééeee… désormais plus rien ne m'arrêêête ! Libéréééée, délivréééée… Plus de princesse parfaite. Je suis là ! Comme je l'ai rêvééééé ! Perdue dans l'hiveeeeeerrrr, le froid est pour moi le prix de la liberté… ! » Vous avez bien la chanson en tête (celle de la Reine des Neiges, pour ceux qui ne suivraient pas) ? Parfait, je termine mon histoire. Au retour, nous avons été accueillis par Simon et Marie qui commençaient à s’inquiéter de ne pas nous voir rentrer. On s’est allongés face au poêle de masse qui dégageait encore la chaleur du feu de la veille et on a raconté notre expérience matinale. On a ris, on a pris beaucoup de plaisir à partager ça avec eux et on était fiers d’avoir réussi ce défi 😊 Certaines parties de notre corps ayant morflé avec le froid, on s’est autorisés – chacun notre tour – un bon bain chaud (et non, pas d’info croustillante dans cet article, sorry :D), une bonne soupe et une aprem relax, dans la chaleur de la maison avec sieste, lecture et visionnage de séries comme activités principales.


Avant le coucher, Marie nous a offert 1h de son temps pour faire du Yin Yoga avec nous… Méditation, étirements, yoga doux, inspirations et expirations profondes, calme, sérénité… Tout ce qu’il nous fallait après cette rude matinée afin de passer une bonne nuit réparatrice. Merci à elle, c’était un très beau moment de partage.


Merci d’avoir pris le temps de me lire 😊


Avec tout mon amour,


Ma


PS, pour les curieux :


1)     « Miracle Morning » : http://mitsoumagazine.com/mieux-etre/psychologie/tout-se-joue-avant-8h-comment-vivre-mieux-en-dormant-moins/


2)     Sentier National Le Montagnard : Le sentier Le Montagnard est un sentier d’environ 10 à 18 km (selon le parcours choisi), de niveau intermédiaire. Il s’amorce au parc Richelieu. Le sentier passe par ce que l’on appelle ici couramment la « montagne à Tremblay » (située derrière le terrain de golf) et offre deux merveilleux panoramas. Une très belle vue vers la vallée de la Montmorency, la ville de Québec, et une autre vue directement vers le secteur village de Sainte-Brigitte-de-Laval. En empruntant Le Montagnard, il est possible de faire une boucle autour de la montagne à Tremblay et même de se rendre au sentier de la Montagne à Deux Têtes, le tout dans un environnement naturel plus qu’intéressant.

file:///C:/Users/marin/Downloads/Carte_Montagnard_juillet_2014%20(2).pdf


3)     Yin Yoga : https://yoga.maathiildee.com/2013/10/27/quest-ce-que-le-yin-yoga/


4)     Pour ceux qui ne connaissent pas la chanson de la Reine des Neiges (c’est possible ?) ou ceux qui veulent seulement l’avoir en tête pour les plusieurs heures à venir :D https://www.youtube.com/watch?v=TX7_yZLbqEs